Passion Versus

Les qualifiés français à la Capcom Cup X : Valmaster

Une Chun-Li tout en neutral.

Rédigé par Vlaïr

Interview

World Tour

Street Fighter


La Capcom Cup X se déroulera du 16 au 25 février et clôt une année de compétition sur Street Fighter 6, sorti en juin 2023. Deux français sont qualifiés pour ce tournoi de jeu de combat, dont le cashprize est le plus gros de l'histoire de la discipline. Passion Versus est allé à leur rencontre pour recueillir leurs impressions sur cette première Capcom Cup sur Street Fighter 6.

Pour le planning de la Capcom Cup X, c'est par ici !

D’une remarquable constance tout au long de cette année compétitive et connu pour ses réflexes à tout épreuve, Valmaster a été le premier français à se qualifier à la Capcom Cup et est d’ors et déjà invité au prestigieux Red Bull Kumite en mars. Le joueur de Chun-Li revient pour Passion Versus sur cette première saison de Street Fighter 6.

Cette interview a été réalisée avant le tirage des pools, puis complétée ultérieurement.

Crédits photo : Elliot Le Corre @ElliotLeCorre pour UFA @UFA_Gaming

Passion Versus : Tu étais un des meilleurs joueurs français, si ce n’est du monde, sur Street Fighter 5. Quand Street Fighter 6 est sorti, étais-tu déterminé à jouer de manière compétitive ?

Valmaster : Dès le début j’étais à fond compet ! J’ai toujours été un joueur compétitif, que ce soit sur Street Fighter 4, 5, Overwatch… Et encore plus depuis que je suis revenu sur SF5, comme le secteur s’est professionnalisé. Quand j’ai joué aux betas, j’étais plutôt confiant sur ma capacité à faire de bons résultats. Et j’ai signé avec Falcons un mois après la sortie du jeu, donc ça c’est concrétisé et il fallait vraiment que je performe !

PVS : Comment s’est passé ton choix de personnage sur SF6  ? Chun-Li, c’était sûr dès le début ?

Valmaster : Pas du tout ! Dans la beta j’ai vu qu’elle était bien mais beaucoup moins que les tops-tiers, donc je voulais jouer Kimberly, qui était très forte. Sauf qu’ils l’ont atomisée à la sortie du jeu, donc je suis revenu sur Chun-Li. Ils n’ont pas changé grand-chose sur elle mais ils ont un peu nerfé les tops à son niveau, et je dominais avec elle au début. Et comme sur les quatre premiers mois il y avait beaucoup de tournois importants en première partie de saison, c’était compliqué de changer à ce moment là. Après ça va, avec Chun-Li je peux gagner, même si ça demande plus d’effort que certains autres persos.

PVS : Le choix du personnage est à ce point déterminant ?

Valmaster : Cette saison je trouve c’est trop important ! Un perso comme Juri par exemple est dans une position chiante : c’est fort mais pas assez par rapport aux top tiers, ça ne suffit pas d’être fort, il faut que le perso soit choquant.

Toujours là 10 ans plus tard, et toujours avec Chun-Li !

PVS : Le premier gros tournois international ça a été l’EVO, peux-tu nous raconter ton expérience là-bas ?

Valmaster : À part le fait que je devais me taper 15 JP, j’avais un bon parcours ! Mais l’EVO était sur PS5, et on s’est rendu compte qu’il y avait des problèmes de connexion avec les manettes, entre autres. J’ai subi ça en Winner, je devais gagner le match et j’ai eu une déconnexion, et ça m’a un peu niqué mon EVO. En plus, c’était la période où on était très nuls contre JP, il y avait plein de choses qu’on ne savait pas faire. Kakeru a fait le meilleur investissement de sa vie en prenant le perso au début du jeu (rires).

PVS : L’autre gros tournoi offline que tu as fait, c’était la qualification Capcom à Paris, où tu fais 3ème...

Valmaster : C’était un mini-EVO ! La plupart des meilleurs joueurs du monde étaient là. C’était gagnable mais très dur. J’avais Kawano et Fuudo, qui se sont qualifiés au Japon, MenaRD, Chris Wong… Tu dois battre plusieurs gars capables d’être champion du monde !

PVS : Étais-tu serein pour ta qualification à la Capcom Cup  ?

Valmaster : J’étais un peu inquiet, par rapport aux matchups surtout. La France est une région forte, il y a plein de mecs qui font peur en plus des meilleurs joueurs. Même si j’ai un ratio positif contre quelqu’un, avec un bon perso il peut me mettre en danger, et la région n’a pas des matchups faciles pour Chun-Li.

PVS : La différence avec Street Fighter 5 est vraiment apparente ?

Valmaster : Il y avait un plus gros skillgap entre les joueurs sur SF5 oui. Le jeu était plus carré, moins simplifié. À la fin de Street 5, à part Crimson, Akainu, Kilzyou, il n’y avait personne en France contre qui je me disais que je pouvais perdre en FT3. Sur SF6, quand j’affronte des Deejay, des JP… c’est effrayant !

PVS : Comment as-tu vécu globalement cette année de Capcom Pro Tour ? ?

Valmaster : Ce qui est dur, c’est qu’il y a peu d’opportunité pour perf. Il n’y a que deux chances de se qualifier dans sa région, en plus des trois offline. Le pire c’était le tournoi que Mister Crimson a gagné, l’open qualifier online. Dans un jeu avec un côté un peu aléatoire comme SF6, ça va vite de perdre, surtout en deux matchs gagnants. Et si tu rates ta qualif c’est fini, tu ne vas pas à la Capcom Cup.

PVS : Une évolution du Pro Tour est nécessaire selon toi ?

Valmaster : Oui, je trouve que le format actuel dessert la compétition sur le jeu . Pour les joueurs c’est plus dur d’en vivre, pour être sponsorisé il faut gagner, et moins de tournois offline « importants » c’est moins d’occasion de briller. Et ça dessert l’Europe aussi, les tournois offline n’ont plus la même valeur. À l’époque des points, il y avait beaucoup de tournois en Europe qu’on était obligé de faire ! Aujourd’hui, c’est plus compliqué d’attirer les joueurs surtout côté pro, notamment les étrangers. Les tournois aux États-Unis ont beaucoup plus de cash prize et de visibilité malheureusement. Même à l’UFA, qui est le tournoi le plus important en Europe, il y avait plein de joueurs, mais assez peu d’étrangers au top niveau à part les Anglais. Par contre il faut garder des qualifications online, pour que des régions qui ont moins accès à des tournois offline aient une place aussi.

Le joueur a été le premier représentant français à se qualifier, grâce au circuit World Warrior France.

PVS : Finalement, tu as pu te qualifier grâce au World Warrior France ! Comment vas-tu aborder cette Capcom Cup  ?

Valmaster : Je me suis préparé, mais, c’est bizarre à dire, j’ai en même temps anticipé la prochaine saison. J’ai taffé plein de persos… En fait, avant même de me qualifier, j’étais en réflexion : est-ce que je garde Chun-Li ? J’ai taffé un JP, mais j’ai pris la décision de garder Chun-Li finalement. Il y a beaucoup trop de Luke/Dee Jay/Ken, c’est des matchups dans lequel je préfère jouer Chun. Surtout une Chun-Li avec qui j’ai beaucoup plus de temps de jeu ! Je pense pouvoir battre tout le monde avec elle. C’est quand on joue des persos comme ça, dans le Top 7-8, que c’est chiant, parce que tu te dis : « Je suis à l’aise avec mon perso et je peux gagner avec, mais la vie serait plus facile avec un top 2 ! » (rires).

PVS : Peux-tu préciser ton analyse de la meta, maintenant que tu as essayé plusieurs personnages ?

Valmaster : Tant que les mécaniques restent les mêmes, je pense qu’il ne faut pas jouer des persos « contrôle » comme Chun-Li ou même JP. Les personnages qui font « tout » comme Luke ou Dee Jay sont plus compétitifs, ils encaissent, ils contrôlent, et ils peuvent être vraiment très agressifs. Surtout si les tournois offline de l’année prochaine sont sur PS5 [avec plus d’input lag, NDLR], c’est trop dur de jouer un perso de « contrôle ». D’ailleurs, on le voit à la Capcom Cup, il y a 3-4 Chun-Li/JP/Guile, contrairement à la dizaine de Luke/Ken/Dee Jay.

PVS : C’est vraiment le style de jeu du personnage qui est déterminant  ?

Valmaster : Exactement. Chun-Li/JP c’est beaucoup de contrôle. Et dans SF6, tu ne peux pas contrôler à 100 % comme dans un autre jeu, humainement ce n’est pas possible. Il y a des distances où tu dois check les Drive Rush de façon différente en fonction du coup que l’adversaire utilise, et si jamais tu te rates, tu peux perdre le round en 15 secondes. Et c’est la même chose avec les throw loops, les perfects parry… Les personnages les plus forts, ce sont ceux qui ont des outils choquants par rapport aux mécaniques, en plus d’être forts ailleurs. Un Drive Rush craqué qui part en flèche, un avantage en burn-out – on en parle pas assez –… En plus, les persos de contrôle sont plus dur à jouer. Même si c’est plus facile de jouer JP que Chun-Li, à partir du moment où je rate mon check de Drive Rush…

Valmaster a pris le temps d'explorer le cast, et développe en même temps ses chaînes YouTube et Twitch.

PVS : Comment vois-tu le niveau des différentes régions du monde  ?

Valmaster : Même si les régions France - UK – USA (surtout la côte Est) sont fortes, on voit qu’il y a un écart de niveau : il y a quelques mecs qui sortent du lot, même si les autres sont forts aussi. Et encore, je pense que les sub-tops français sont plus forts que ceux des USA par exemple. Mais au Japon, il y a des joueurs très forts qui ne surnagent que très très légèrement parce que les autres sont vraiment d’un niveau proche. C’est comme si là-bas, il y avait huit mecs comme Mister Crimson mais avec vingt-cinq Kusanagi juste derrière ! On le voit dans les résultats de tournois, la variance est vraiment forte : au CPT online Japon, il y en a qui se sont fait sortir super vite, comme moke la meilleure Chun-Li du Japon, alors qu’il gagne la FAV Cup derrière. Dans cette dernière d’ailleurs, Fuudo, Chris Wong ou Kakeru se sont fait éliminer extrêmement tôt !

PVS : Le Japon, c’est donc la meilleure région pour toi ?

Valmaster : Oui en termes de niveau global, mais je ne pense pas que les tops soient plus forts que ceux d’autres régions. En fait, à mon avis, ils n’ont pas la bonne vision du jeu. De ce que j’observe dans leur tier list ou de ceux qu’ils disent, ils ne voient pas le jeu comme MenaRD, Punk ou moi, qui avons une perspective similaire. Par exemple, l’idée que « Chun-Li ou Guile c’est fort parce qu’on peut tout checker » : personnellement, je pense qu’il faut accepter que dans SF6 ce n’est pas possible. Ils ont un peu trop la vision selon laquelle « il faut jouer carré », mais ce n’est pas le bon jeu pour ça (rires).

PVS : Et finalement, maintenant que les pools sont tirées, que penses tu de la tienne ?

Valmaster : Globalement, peu importe la poule que tu as, le format et le jeu font que ça rend la chose extrêmement random. Je peux battre Gachikun et perdre contre un mec soi-disant moins fort. Mais honnêtement, ma poule est d'un niveau intermédiaire. Dans un bon jour je peux aller très loin, même après la sortie de poule. J'ai de bonnes chances, mais ça peut vite se transformer en drame. J'y vais sans trop me prendre la tête !

Après la Capcom Cup, le joueur sera le représentant français au Red Bull Kumite, en mars 2023.

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